Tout est notre vie
Comprendre que tout ce que nous rencontrons, tout ce qui nous arrive, est notre vie, puisque toutes choses (nos perceptions), toutes nos expériences, sont inséparables de notre esprit. Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, agréables ou désagréables, les accepter avec respect, amour et compréhension. Notre monde, notre environnement est notre esprit, est notre vie ! Mais en même temps notre esprit est vide ! Le monde, notre vie, sont comme le vent : sans substance, insaisissables, changeants et toujours en mouvement…
Dans un sens, ils sont vides, il n’y a rien ; dans un autre, ils sont tout ce qu’il y a ! C’est pourquoi il ne faut pas s’en faire, ne pas se laisser affecter ; mais il faut aussi traiter toute chose avec bienveillance, compassion et attention (care), se dévouer entièrement à tout ce qu’on rencontre ! On ne peut pas mépriser, haïr, négliger une quelconque expérience, puisqu’elle est une partie de notre vie : ce serait un manque d’amour, de compassion, de respect pour nous-mêmes, pour notre propre vie !
Comme l’expérience de notre vie est l’expérience des choses telles qu’elles sont, il n’y a pas lieu de l’aimer ou de ne pas l’aimer : la seule attitude est l’équanimité.
Tout ceci concerne le moment présent. On pourrait avoir l’idée de manipuler le futur ou ses causes pour le rendre plus agréable ou éviter la souffrance, mais si on arrive à accepter toutes choses avec équanimité et bienveillance, on ne craint plus le futur et on n’essaie plus de le manipuler ! De quelle lourde tâche on s’est alors débarrassé : plus de peur ni d’anxiété !
Le même esprit qui fait l’expérience de la souffrance peut faire l’expérience de l’illumination : c’est la même vie !
Mais toutes les manifestations de cet esprit (sensations, perceptions, pensées) ne sont que des vibrations sans substance ni personnalité, et sans effort ni tension si on les laisse se manifester (apparaître et disparaître) sans intervenir, sans s’y attacher ni les rejeter.
7 octobre 1991, Bangkok