Promenade sur la plage
Le fort vent du nord qui soufflait depuis une semaine s’est calmé, la lune est presque pleine, au-dessus de la mer. Plus de monde que d’habitude, c’est samedi ; une multitude de petits personnages disséminés sur cette grande étendue grise entre ciel et mer : ils me semblent d’un autre monde, et évoluent étrangement. Je contemple ce qui m’entoure avec l’œil de la pure vision, sans concepts ni dualité : des images abstraites, insolites, ni belles ni laides, simplement telles qu’elles sont, dans une succession désordonnée et incohérente. Mon regard se dirige à droite et à gauche, en haut et en bas, près ou loin : tout a la même saveur ; une « beauté » irréelle, parfois fascinante, parfois dérisoire, toujours changeante et insaisissable, au-delà du désirable et de l’indésirable.
Un peu plus tard, la nuit a tout assombri et les quelques images qui subsistent sont des lumières éparses et des ombres mystérieuses…
C’était une belle promenade sur la plage.
19 janvier 1992, Hua Hin