Temps perdu
J’ai du mal à écrire : j’intervertis des lettres. Est-ce de la dyslexie ? J’entends le roucoulement d’une colombe, entouré de piaillements d’autres oiseaux ; des bruits de motos dans le lointain, et l’aboiement d’un chien irrité. Est-ce que les gens colériques renaissent sous forme de chiens ? Peut-être bien. D’autres lui répondent, avec un coq ; et derrière tout ça, le son du silence, accompagné de celui du frigo. C’est pourtant une calme matinée.
Je pensais hier que je devrais écrire mon livre à la main, dans des cahiers : c’est plus simple que l’ordinateur. Mais ensuite il faut recopier. Est-ce du temps perdu ? Le temps peut-il être perdu ou gagné ? Il est de toute façon perdu, qu’on fasse des choses importantes ou non. Et qu’est-ce qui est important ? Difficile à dire, avec notre vision si limitée. Et important par rapport à quoi, à qui ? À l’opinion que nous avons, ou que les autres ont, de nous ? Par rapport à l’accumulation de biens matériels ou de mérites, de connaissances ou de sagesse ? Je dirais que la sagesse est la plus importante. Et le temps gagné, à quoi va-t-on le perdre ? Le temps passe, qu’on l’utilise ou non pour faire des choses. Et le temps d’être : d’être soi-même, d’être heureux, d’être en paix, en harmonie, en amour… Il n’est jamais perdu !
21 octobre 2000, Chiang Mai