Le spirituel, la foi, la lumière
J’ai bien pensé, ce matin, en lisant le commentaire du Cinq de Pentacles du tarot* que je venais de tirer. Suis-je trop braqué sur mes petits problèmes, surtout matériels, ceux qui concernent le « faire » et l’« avoir » ? Et je perds de vue le spirituel, le « je suis », l’« être », je ne vois plus les vitraux de l’église voisine. J’ai plus ou moins abandonné le bouddhisme, mais par quoi l’ai-je remplacé ? J’ai remarqué hier soir que le Raja Yoga* m’a de nouveau fait du bien. La présence de Rachel*, qui n’est pas la même que celle de Katharina. Ce n’est pas la même énergie, c’est plus profond, plus spirituel, c’est plus ce dont j’ai besoin : une foi en des valeurs simples, plutôt que de briser des dogmes et des paradigmes. J’ai encore besoin, peut-être, de m’identifier à quelque chose de sacré. Si je brise et rejette toutes les valeurs mystiques, sacrées, je retombe dans le matériel et les plaisirs des sens ; c’est peut-être où me mènent des pratiques comme The Artist’s Way* et la thérapie. C’est sûr qu’il faut s’aimer, se faire plaisir, rire, se donner le droit de vivre – ce que je ne fais pas assez –, mais il faut aussi trouver une foi, une fondation sur des valeurs spirituelles, morales, altruistes. C’est toujours la voie du milieu, qui est si difficile à trouver !
Je crois que ce qui me manque, c’est une solide fondation de foi en quelque chose. Est-ce que je peux la trouver dans la lumière ? Pour l’instant, je trouve que même si c’est très inspirant, c’est aussi très abstrait ; plus abstrait qu’une bonne divinité comme Guru Rinpoché, ou un gourou en chair et en os, bien sûr ; mais cela, je ne sais pas si c’est ce dont j’ai besoin non plus ; je l’ai assez essayé. Les gourous vivants ont leurs défauts humains, qui les font tomber bien vite de leur piédestal, si on est perspicace. Quant aux gourous légendaires, ils sont trop liés à une culture particulière. Et si cette culture a des failles, comme la culture tibétaine, sa chute entraîne avec elle ses images et ses symboles. La lumière, au moins, est pure et neutre, c’est de la pure énergie, sans connotations sociales, culturelles, religieuses, humaines. C’est ce qui me plaît ! C’est juste de l’énergie, des formes, des couleurs : ça me semble plus puissant.
Hier, pendant ma méditation au Raja Yoga, je voyais le rayon de lumière qui descendait devant la falaise et dans lequel je pouvais m’installer ; je devenais moi-même lumière, et voyageais comme un ascenseur, ou même une fusée, dans un tube. C’était une impression merveilleuse, un moyen de changer d’univers, de niveau de conscience, de voyager en dehors du temps et de l’espace, dans les autres réalités. Ce que je ne perçois pas encore très bien, c’est l’aspect connaissance, information, qui est encodé dans la lumière. Et comment me mettre en contact avec cette vibration ? Comment canaliser cette fréquence ? Il faut que j’essaie, et sans doute que ça viendra. Avoir confiance dans la lumière. C’est d’ailleurs une identité qui me plaît : je suis la lumière, un être de lumière, un messager, un chevalier de la lumière, de l’aube, la lumière naissante.
Il faut aussi apprendre à manipuler cette lumière, à la diriger, l’implanter, l’envoyer où elle est nécessaire. La donner aux autres comme moyen de guérison, comme soutien dans leur développement personnel, comme canal d’entrée dans le monde spirituel, dans le monde de l’énergie, de l’amour inconditionnel, comme inspiration, comme outil pour la création artistique, mais aussi la création de la vie, de ce que nous sommes, la création d’autres mondes et d’autres réalités. Il ne faut pas avoir peur de voir grand, de monter dans nos chakras supérieurs pour nous mettre au diapason, non seulement de la terre entière, mais du système solaire, de la galaxie, de l’univers. Et ainsi, pouvoir capter la connaissance et la sagesse de ces dimensions plus vastes, plutôt que de rester limité à notre petit monde personnel.
* Tarot : il s’agit ici du tarot Rider-Waite, dessiné par Pamela Colman Smith sous la direction d’Arthur Edward Waite.
* Raja Yoga : méditation enseignée et pratiquée dans les centres de Brahma Kumaris (organisation internationale d’origine indienne). Je fréquentais régulièrement celui de Chiang Mai. Rachel animait des séances de Raja Yoga pour les étrangers.
* The Artist’s Way : livre de Julia Cameron qui propose un programme de douze semaines pour libérer sa créativité, dont une semaine sans lecture. Titre de la traduction française : Libérez votre créativité.
26 novembre 1998, Chiang Mai