Faire ou être ?
Est-il plus important d’écrire un livre ou un article que de regarder le coucher du soleil, ou de jouer quelques notes de musique qui adoucissent l’âme ? Arriver à simplement être : joyeux, tranquille, conscient, reconnaissant ; ressentir, observer, aimer, prier, méditer. Juste vivre – dormir, manger, végéter, traîner – plutôt que de toujours vouloir faire. D’ailleurs, à force de vouloir trop faire, je ne fais pas grand-chose : je m’en rends compte. Je passe beaucoup de temps à organiser ce que je veux faire, et à acheter du matériel pour pouvoir mieux faire. Et il ne reste plus de temps pour faire.
Dans la vie, qu’avons-nous vraiment à faire ? N’y a-t-il pas déjà assez, et même trop, de choses faites par l’homme sur cette planète : trop de livres, d’articles, d’objets, d’œuvres d’art. C’est l’ego qui ne veut pas être en reste, mais ajouter sa petite, ou sa grosse, contribution à l’abondance démesurée des biens de consommation, qu’ils soient bassement matériels ou hautement spirituels. Et comme tous ces biens sont impermanents et illusoires, à quoi bon ?
Ne serait-il pas plus sage de participer à ce monde en étant une énergie positive d’amour, de lumière, de paix, de joie, de bonheur ; mais une énergie invisible, silencieuse, ni matérielle, ni polluante, ni reconnue ? Être une antenne qui reçoit l’énergie divine sur la terre, qui la capte, la canalise et la redistribue ; qui émane cette énergie, mais d’une façon imperceptible, anonyme, sans éclats ni rapports écrits.
La vraie créativité se manifeste dans la présence intemporelle de l’instant, et dans le rayonnement de l’amour et la lumière !
19 novembre 1998, Chiang Mai